Les 3, 4 et 5 mai ont eu lieu les troisièmes rencontres de théâtre amateur à Commentry organisées par le Foyer Culturel de Commentry et sa troupe des Rideaux Verts. Le terme « amateur » en évoque instantanément un autre, « professionnel », dans le sens où l’on a tendance à imaginer que les spectacles amateurs manqueront un peu d’ambition, et que le grand talent ne sera pas forcément au rendez-vous.
Or, non seulement les comédiennes et comédiens qui se sont produits au Théâtre Municipal ne manquaient pas de talent, mais le programme était ambitieux, proposant des textes de qualité et très différents les uns des autres. Les artistes prenaient à l’évidence beaucoup de plaisir et ont apporté aux spectateurs de vrais moments d’émotion et de bonheur, et aussi de rire selon les pièces. On a perçu de réelles complicités entre les acteurs des différentes troupes originaires de la région Auvergne qui souvent se connaissent et sont passionnés. Il faut évidement l’être pour construire des spectacles exigeants et qui nécessitent des heures et des heures de répétition dans une démarche complètement bénévole.
Populiphonia
Les Théâtrales ont débuté avec une lecture par Aaricia Baron, accompagnée par Antoine Bourachot à la guitare, de textes extraits de Populiphonia de Régis Hébette, œuvre décrite comme un « Archipoème phonique, le mariage d’amour du noble et du vulgaire, des interrogations, exposées, explosées. Du jeu de langue dans tous les sens, du jeu de bouches, de lèvres et de dents, du plaisir de nommer, de circonscrire un peu les choses en les nommant, d’appréhender le monde par la bouche, de fabriquer les paroles pour peupler la langue du chaos que nous sommes ». Ce type de textes exige des qualités tout à fait particulières pour en faire apprécier le sens et la finesse, et la lectrice les avaient. Les phrases musicales discrètement jouées à la guitare ajoutaient au charme de ce moment poétique.

Le journal d’un fou
« Le journal d’un fou » de Gogol, pièce présentée par le Théâtre Atelier Bûle de Gannat, est jouée par un unique comédien, Jacques Siutowski, qui semble totalement habité par le rôle. Le fonctionnaire Poprichtchine dont il s’agit, en proie à la frustration due à la pesanteur de l’administration impériale, va peu à peu sombrer dans la folie. L’implacable progression vers cet abîme est campée par le comédien d’une manière magistrale qui se conclut par des moments d’intense émotion. La prestation de Jacques Siutowski dans ce rôle était sa vingtième et dernière, et il nous a confié que l’attention du public l’avait conduit à se livrer totalement. Un grand moment de théâtre.
Le passage
« Le passage » est un spectacle bâti à partir de textes de Roland Dubillard, Jean Tardieu et Pierre Desproges, présenté par la troupe Asiminier Paw Paw de Montvicq. On y a vu aussi un clin d’œil au « Roi se meurt « de Ionesco. Dans l’ensemble du spectacle, il s’agit du passage de la vie à la mort. Pas évident, a priori, de présenter, de mettre en scène des textes assez différents les uns des autres, même s’ils concernent le même sujet. Or, cela est conduit d’une manière habile et originale, et la forme qui a été choisie était tout à fait compatible avec la gravité du thème.
Polissonneries
Ambiance complètement différente ensuite avec Les Polissonneries (« ecclésiastiques » précisa Mireille Boutterin dans sa présentation). Deux petites pièces : La Souricette Parpaillotte, d’après une légende italienne reprise par Dario Fo, et ensuite Le Sérail du Muet, extrait du Décaméron de Boccace qu’on avait pu voir au cinéma dans le film de Pasolini. Ces deux moments étaient assurés par la troupe Thémaq de Clermont-Ferrand qui ont du affronter des bourrasques de neige ce samedi pour arriver jusqu’à Commentry. On a eu droit à de la Commedia dell’arte, trop souvent considérée comme de la simple bouffonnerie mais qui nécessite un grand talent, une mise en scène bien réfléchie et une interprétation collective très huilée. Assurément, c’était le cas. On ne s’est pas ennuyé et on a bien ri. Au Moyen-Âge puis à la Renaissance, on savait rire. La polissonnerie n’était pas forcément synonyme de vulgarité et de bêtise alors que trop souvent aujourd’hui dans le paysage médiatique…
Les pendules de Malac
« Les Pendules de Malac », de Daniel Apruz, est un conte poétique qui a été présenté sous forme de lecture par la troupe des Rideaux Verts. A Malac il y a 17 pendules qui n’en font qu’à leur tête. C’est Nicolas, un employé de la mairie, qui doit les remettre dans le droit chemin de l’exactitude. Mais à peine a-t-il le dos tourné qu’elles recommencent à battre la campagne. Une chronique pleine d’humour et de tendresse, où plusieurs voix se mêlent, frappantes de justesse et d’invention.
Cendrillon
Les Théâtrales se sont conclues par le spectacle « Cendrillon » présenté par la troupe La Goutte d’eau d’Issoire. Là, on connaît bien le conte, qui a été quelque peu revisité par Joël Pommerat. Ici, il ne s’agit pas de particulièrement de charmer les enfants, même si ceux qui étaient présents étaient très attentifs, mais de faire passer aux spectateurs un bon moment de détente, grâce à des dialogues parfois très crus, des costumes très drôles et une mise en scène très adaptée.
Vivement les 4èmes Théâtrales.
Cendrillon
Les Théâtrales se sont conclues par le spectacle « Cendrillon » présenté par la troupe La Goutte d’eau d’Issoire. Là, on connaît bien le conte, qui a été quelque peu revisité par Joël Pommerat. Ici, il ne s’agit pas de particulièrement de charmer les enfants, même si ceux qui étaient présents étaient très attentifs, mais de faire passer aux spectateurs un bon moment de détente, grâce à des dialogues parfois très crus, des costumes très drôles et une mise en scène très adaptée.
Vivement les 4èmes Théâtrales.